PAR RÉMI HUGUES.
La « culture-monde »[1] anglo-saxonne, qui irradie l’humanité depuis des décennies prépare insidieusement l’avènement de l’État-monde, ce qui suppose la mise en place d’un impôt mondial et d’une monnaie mondiale, projet qu’ont en tête les élites du Royaume-Uni depuis des lustres.
One State, One Tax, One Money
Il est incontestable que « la Conférence réunie en 1944 à Bretton Woods a eu à choisir entre la thèse britannique, présentée par J.M. Keynes, et le point de vue américain, défendu par White. Keynes propose la création d’une monnaie internationale en papier, le « bancor », qui serait émise par une autorité monétaire mondiale […]. Cependant, la théorie de Keynes a été à l’époque trop audacieuse […] et trop favorable aux intérêts britanniques. »[2]
Depuis ce plan majeur de l’agenda de l’establishment du Royaume-Uni a avancé, à travers l’existence des droits de tirage spéciaux (D.T.S.), initiée par le Fonds monétaire international dans les années 1960, qui est un artefact de monnaie unique planétaire sous la forme d’un panier de devises.
Le général de Gaulle, fragilisé par la crise de mai-juin 1968, dut se résoudre à la volonté américano-britannique qui consistait à remplacer le système du « Dollar Gold Standard » par celui des D.T.S., « monnaie internationale papier, distribués au prorata des quote-parts au F.M.I. » « qui donne une nouvelle facilité aux États-Unis en leur permettant d’économiser l’or restant », en leur donnant la possibilité de les distribuer « aux Banques Centrales qui ne voudraient plus conserver de dollars »[3], ce qui fut acté en 1969.
Révolution arc-en-ciel
Économie, politique, culture, tout est lié : le symbole de cette culture-monde est l’arc-en-ciel. L’étendard de cet État-monde en gestation et aussi celui de la cause LGBTQI+ : l’« anglobalisme » fait de surcroît profession de foi égalitariste. Élisabeth II, aussi surprenant que cela puisse être, a choisi ce symbole dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, invitant, en avril 2020, les parents confinés à proposer à leurs enfants de dessiner des arcs-en-ciel pour mieux les aider à prendre leur mal[4] en patience.
Dernier né des apôtres de la foi égalitariste arc-en-ciel, Lil Nas X promeut un genre nouveau, relevant à première vue de l’oxymore, le rap gay, prenant la relève de Lady Gaga, icône gay elle aussi, et adepte elle aussi du travestissement des références bibliques, ce que René Guénon appelait grande parodie, soit « l’imitation caricaturale et ‟satanique” de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel »[5].
C’est Lady Gaga qui eut l’honneur de chanter l’hymne « God Bless America » lors de l’investiture de Joe Biden. Il s’agit de voir ces fidéicommis de l’antique ennemi comme les polichinelles de la fortune anonyme et vagabonde, dont le quartier général est, tel Janus, bicéphale : la City et Wall Street.
Nul autre ennemi que celui-ci : par ce texte nous entendons apporter notre contribution à la question politique par excellence, la désignation de l’Ennemi, dans la continuité du travail effectué par Pierre de Meuse, qui, dans son essai Idées et doctrines de la Contre-révolution soutient non seulement qu’« on ne peut se permettre de combattre à la fois plusieurs ennemis »[6], mais surtout « qu’un contre-révolutionnaire ne peut bâtir une stratégie durable sur la seule opposition à l’islamisme. »[7]
Quand, quelques lignes plus haut, il écrit que le terrorisme d’inspiration musulmane « sert d’instrument aux desseins machiavéliques des plus puissants »[8], qu’entend-il par plus puissants ? Serait-ce l’ « anglobalisme » qu’il désigne implicitement, ce projet fou clairement assumé par le Financial Times, par la plume de Gideon Rachman, qui le 8 décembre 2008 signa l’article intitulé « And now for a world government » ? ■ (Suite et fin)
[1] Jean-François Sirinelli, Mai 68. L’événement Janus, Paris, Fayard, 2008, p. 38.
[2] Marc Nouschi, Régis Bénichi, La croissance au XIXème et XXème siècles. Histoire économique contemporaine, Paris, Ellipses, 1990, p. 331.
[3] Ibid., p. 338.
[4] La présence d’une étoile inversée, ou pentacle, dans les images illustrant cette invitation à dessiner des arcs-en-ciel donne à cette allocution des airs sinistres, rendant à la fois crédible et actuelle la thèse développée par Léon Bloy dans L’Âme de Napoléon sur ce que représente réellement le Royaume-Uni du point de vue théologique : l’Île des Saints devenue l’Île du Diable.
[5] René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Paris, Gallimard, 1972, p. 265. L’auteur relie cette grande parodie à l’imposture « de l’Antéchrist lui-même prétendant instaurer l’‟âge d’or” par le règne de la ‟contre-tradition”, et en donnant même l’apparence, de la façon la plus trompeuse et aussi la plus éphémère, par la contrefaçon de l’idée traditionnelle de Sanctum Regnum. », ibid., p. 268-269.
[6] Poitiers, Dominique Martin Morin, 2019, p. 316.
[7] Ibid., p. 198.
[8] Idem.
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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