Par Gérard POL.
Reprise d’une chronique de notre rubrique « En deux mots » publiée le 31 août 2018. Ce que nous y disons, en bref, du personnage n’est pas très différent du portrait qu’en brosse Michel Onfray plus récemment. (Article précédent.) Hulot est revenu au premier plan de l’actualité pour de sombres affaires de mœurs comme il en fleurit de toutes parts en ces temps de néo-ordre moral wokiste. Chute d’un piédestal artificiel et éphémère.
On le sait : la démission de Nicolas Hulot a été pour ainsi dire latente, continûment, du premier au dernier jour d’exercice de ses fonctions ministérielles.
Il ne fait aucun doute que le président de la République le savait, l’acceptait, comme prix du coup de com’ qu’avait été l’entrée d’Hulot au Gouvernement. Le Gouvernement et les journalistes le savaient aussi. C’était l’épée de Damoclès de Nicolas Hulot. Elle est tombée mardi matin.
Sa démission a été théâtralement annoncée et présentée comme une catastrophe nationale â un pays qui en risque de si graves et de si sérieuses ! Elle n’était qu’un acte de goujaterie. On ne craint ni la ridicule dramatisation de l’insignifiance, ni de prendre la dite insignifiance pour un événement considérable. Il ne l’est en rien, de la plus expresse évidence.
Journaliste, homme de spectacle et de télévision – comme Donald Trump – il feint de prendre sa décision en direct sur France Inter, chaîne de ses débuts, temple de toutes les formes de la cléricature et du militantisme médiatique gauchards. Au mépris de tous les usages, de tous les protocoles, de l’État qu’il a prétendu servir, de la fonction présidentielle, qu’il dit respecter et dont il se fiche, etc. Comme de la pure et simple courtoisie. Nicolas Hulot s’estime au-dessus de ces contingences. Il signe son mépris du Politique et en manifeste la déchéance. D’ailleurs, Emmanuel Macron fera son éloge à Copenhague deux jours plus tard …
Que dire de Nicolas Hulot ? Pas grand-chose qui ait rapport avec les intérêts de la France, sinon qu’il faut toujours se méfier des saintes-nitouches, de ceux à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession. Ils ont souvent à confesser de bien plus lourds péchés que le commun des mortels. Le monde médiatique – dont il est une créature – n’a cessé d’encenser Nicolas Hulot. Il a fait sa popularité, dont on sait que notre homme a tiré beaucoup d’argent. Pour Nicolas Hulot, deuxième ministre le plus riche du Gouvernement, l’écologie militante semble avoir été d’abord une affaire de rapport. Nous nous garderons de le juger. Mais d’autres le font : son patrimoine déclaré (7,5 millions d’euros), ses neuf véhicules à moteur (six voitures, deux scooters, un bateau), ses nombreux déplacements en hélicoptère, ont fait jaser. Claude Allègre, vrai scientifique et malheureux ministre, le traitait d’escroc. Pascale Mitterrand, la petite-fille du défunt président, l’accuse de l’avoir violée. Les petits-saints aux mains pures ne sont pas toujours tout blancs. Passons.
Reste une question que nous poserons sans la traiter car il y faudrait au minimum un autre article : faut-il un ministère de l’écologie, avec le risque que cette dernière ne soit qu’idéologie utopique et abstraite, pur concept, démagogie obligée, coup de com’ permanent ? Ne vaudrait-il pas mieux que des cellules en charge des réels aspects écologiques des dossiers soient constituées au sein des ministères où se décident des choses concrètes : Agriculture et alimentation, Industrie, Transports, Santé, « Territoires » … etc. ?
Nous sommes aussi sensibles que tout un chacun aux beautés de la nature, à la qualité de la vie et des créations humaines, à l’avenir de la planète… Nous refusons en revanche que ce souci fondamentalement légitime soit transmué en idéologie utopique, en soutien à la marginalité de certains, et, en fin de compte, en démagogie, spectacle, enjeu électoral, et tout ce qui s’ensuit.
Nicolas Hulot était archétypique de cette écologie-là. On ne nous fera pas prendre sa démission pour une catastrophe nationale. ■