Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Ce n’est qu’une déclaration de principe contre la prolifération nucléaire, une déclaration commune signée lundi 3 janvier par les cinq pays membres du Conseil de Sécurité des Nations unies. Pourtant, et même si on est sans aucune illusion sur l’Onu, on comprend que c’est bien parce qu’elle possède une force de dissuasion nucléaire, fiable (pour nous) et dangereuse (pour les autres), que la France traite encore sur un pied d’égalité avec les plus grands (Etats-Unis, Chine, Russie). N’ont signé en effet ni l’inconsistante Union européenne, ni même la si puissante Allemagne, mais bien la France et la Grande-Bretagne. On a d’ailleurs noté à ce sujet l’embarras de la presse européiste pour nommer clairement ces deux pays signataires : les « Européens » (terme ambigu puisqu’il fait référence aussi à l’Union et exclut la Russie) pour les uns, « Français » et « Britanniques » (termes qui ont le mérite de la clarté) pour d’autres.
Nucléaire civil et militaire, c’est tout un. Dès la fin de 2021, on avait senti que le vent avait tourné. Ainsi, peu avant Noël, M. Bayou, secrétaire national du parti Europe Ecologie Les Verts s’empêtrait dans un tissu de demi-vérités et de demi-mensonges, niant les évidences et poussant l’inconséquence jusqu’à souligner des problèmes en grande partie induits par la politique anti-nucléaire menée par MM. Hollande et, mais un temps seulement, Macron – avec le soutien militant de son propre parti (France Info, 20 décembre 2021).
Or, il est maintenant établi que l’énergie nucléaire est et restera pour longtemps la source d’énergie la plus propre, la moins chère, la plus profitable et finalement la seule raisonnable pour nous Français – jusqu’à ce qu’on ait trouvé mieux. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les rapports des experts du Réseau de transport d’électricité et ceux des magistrats de la Cour des Comptes : le nucléaire l’emporte très largement sur l’éolien ou le photovoltaïque, que l’on considère le « facteur de charge » (ou facteur d’utilisation) pour les premiers ou le coût réel final pour les seconds. Dit en toute simplicité : le nucléaire est plus efficace et moins coûteux que les énergies renouvelables forcément intermittentes. Les écolos peuvent pousser des cris d’orfraie : ils ont tort sur les plans comptable et scientifique.
Malgré eux, malgré leur propagande et leur activisme, la France possède encore un haut niveau de compétence dans le domaine du nucléaire. Compétence qui devrait être enfin à nouveau sollicitée. En effet, M. Macron a opéré un revirement spectaculaire. Déjà, début 2020, il affirmait que « le nucléaire […] est la production non intermittente la plus décarbonée au monde » (Le Dauphiné libéré). Le voici maintenant partisan du « grand carénage » (ensemble des opérations permettant d’allonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes) mais aussi des E.P.R. (en français, « réacteurs pressurisés européens » ou « réacteurs à eau pressurisée ») et des S.M.R. (en français, « petits réacteurs modulaires »). Comme le sont d’ailleurs ses trois principaux concurrents à l’élection présidentielle – les candidat(e)s Le Pen, Pécresse et Zemmour – ce qui est plutôt de bon augure pour la suite. On peut donc espérer que sera lancée au plus tôt la construction de réacteurs de nouvelle génération.
Au service de cette ambition, la France pourrait d’ailleurs peut-être compter sur quelques uns des 750 milliards d’euros du programme de l’U.E. (le diable porte[rait] pierre) puisqu’un projet en date du 31 décembre 2021 intègre le nucléaire dans la taxonomie verte européenne. Certes, ce n’est qu’au titre de son rôle dans la transition énergétique et non comme énergie durable. De plus, tout peut encore être remis en question par la farouche opposition de l’Autriche ou des Verts allemands, entre autres. Le nucléaire permettra au moins de clarifier certaines situations : qui sont ou peuvent être nos alliés et /ou partenaires, dans ou hors de l’Union européenne, qui sont les autres ?
En France même, les esprits sont de plus en plus acquis à l’idée qu’il faut conforter et non disqualifier notre filière nucléaire, seule garante de notre indépendance énergétique et de notre indépendance nationale. Tant mieux. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
C’est l’évidence même. Pour avoir eu, par ailleurs, l’occasion de visiter de façon approfondie (sans jeu de mots !) le site de Bure, dans la Meuse, où seront à moyen terme entreposés les déchets à vie longue issus des centrales, j’ai une grande confiance dans la capacité française d’accroître notre parc.
Enfin le langage de la raison….que c’est bon de le lire et l’entendre..
Même si je le trouve un peu tiède…!!
..Je suis contre le Nucléaire Par crainte comme n’importe quel humains de cette planète qui se sert de sa cervelle pour réfléchir..
Mon père était à In Amguel base Atomique dans le Sahara…et je parle par expérience..
Mais je suis à fond pour par nécessité.. comme il est dit dans cette analyse…
» en attendant que l’on trouve mieux…! »
Je souhaite que les pragmatiques agissent en responsables et gardent la même position face aux Doux
et irresponsables rêveurs…
Vive la fin du Nucléaire…!! « Quand nous pourrons nous en passer »
QUAND..?? .CHI LO SA…!!
Il existe des maux nécessaires et le nucléaire en fait partie. On frémit en plus à l’idée de confier nos structures à un système d’ordinateurs tous sujets au piratage. La généralisation de l’informatique est dramatique pour l’ensemble de la planète , un dérèglement ou un piratage dans les fonctions d’une centrale atomique est une épée de Damoclès mais nous en dépendons dans un monde moderne toujours en expansion et en progrès.
C’est la notion de « progrès » qui est discutable.