Cette tribune de Gilles-William Goldnadel est parue sur FigaroVox le 17.01. Éric Zemmour a provoqué un tollé après avoir dénoncé « l’obsession de l’inclusion » des élèves handicapés. Gilles-William Goldnadel voit dans cette polémique le symptôme d’un débat médiatique impossible.
« Il est vrai qu’il n’est aujourd’hui de bon lynchage névrotique sans le recours obligatoire à l’antinazisme devenu fou. »
J’ai sous-titré mes «Névroses Médiatiques» , essai que j’ai publié chez Plon en 2018 , «Le monde est devenu une foule déchaînée». Reprenant les théories de Le Bon et de Freud, je soutenais que l’univers médiatique électronique affolait le débat en le transformant en univers irrationnel haineux.
La manière dont Éric Zemmour a été traité depuis samedi, concernant ses déclarations sur les enfants handicapés ne me dément pas cruellement.
J’ai suffisamment critiqué, publiquement, son indulgence excessive à l’égard de Vichy ou ses malheureuses déclarations sur les malheureux enfants Sandler pour ne pas passer pour l’un de ses thuriféraires acquis, encore moins pour un béni-oui-oui.
Je me situerai donc sur le seul terrain du combat contre la déraison.
Je rappellerai donc que le candidat bien à droite a eu le malheur vendredi, en visite dans une école des Hauts-de-Seine où il exposait son programme pour l’éducation, de considérer que des élèves handicapés soient placés dans des établissements spécialisés, «sauf ceux qui sont légèrement handicapés évidemment, qui peuvent rester dans les classes». Cette remarque visait à contester un égalitarisme sacralisé, néfaste aux enfants en grande difficulté.
«Mais pour le reste, oui, l’obsession de l’inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants, et à ces enfants -là, qui, les pauvres, sont complètement dépassés par les autres enfants».
Qui peut, de bonne foi, et raisonnablement, voir dans cette déclaration, comme toute déclaration soumise à libre débat, un mépris pour les enfants en grandes difficultés ?
De nombreux psychiatres préconisent de placer les enfants autistes dans des écoles spécialisées où ils peuvent bénéficier de thérapies comportementales performantes. C’est également l’avis d’associations de parents de ces enfants différents et par eux tant aimés.
À quoi avons-nous assisté à peine ces paroles prononcées par le «polémiste» si controversé ? À un déferlement névrotique de haine, de passion et d’excommunication. Le ban et l’arrière-ban de la classe politique s’en sont donnés à haine joie en hurlant à la chaîne le mot magique : Inclusion ! Inclusion !
Dans la presse, la palme de la malhonnêteté intellectuelle revient sans contestation à Libération qui, reconnaissant «qu’il était temps de regarder la réalité en face , et que l’école n’est pas toujours adaptée au handicap», a modifié sur la Toile le titre du même article qui est passé subrepticement de «Scolarisation des élèves handicapés : et si Zemmour posait les vraies questions ?»… au plus conformiste : «Scolarisation des élèves handicapés : si l’école défaille , Zemmour déraille» …
Nous avons même trouvé quelques névrosés électroniques pour reprocher au lynché médiatique d’avoir eu des parents qui l’avaient placé dans une école juive, donc non inclusive. Ou un autre, journaliste de son état, l’accusant de préparer aux enfants handicapés le même sort que les nazis réservaient à ceux-ci. Tant il est vrai qu’il n’est aujourd’hui de bon lynchage névrotique sans le recours obligatoire à l’antinazisme devenu fou.
Quand la raison sera revenue dans quelques jours, on pourra dresser un nouveau gibet faisant feu d’un autre mauvais bois.
Je viens donc de montrer que le monde médiatique était devenu une foule déchaînée.
Mais dans d’autres circonstances idéologiques, il fabrique inversement une foule enchaînée, par voie d’occultation médiatique. Dans mon «Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche», j’ai livré quelques exemples d’évènements soigneusement dissimulés parce qu’ils ne correspondaient pas au schéma idéologique à l’avance dessiné.
C’est ainsi que le 22 mars, un massacre de masse tel qu’il n’en avait pas été perpétré depuis deux années aux États-Unis a été commis à Boulder (Colorado) et totalement passé sous silence en France.
Dix personnes ont été assassinées après qu’un homme a ouvert le feu dans une grande épicerie. Mais le tireur était Syrien et ses victimes étaient toutes blanches.
Il suffit de comparer ce silence de mort avec le bruit et la fureur qui ont suivi les événements de Charlottesville (Virginie) après qu’une manifestante «antiraciste» a été écrasée par un camion conduit par un blanc nostalgique des sudistes sécessionnistes. Cet événement-là a été commenté pendant plusieurs jours et a déclenché des millions de mots.
On a assisté au même mauvais remake idéologique ce week-end. Samedi soir, un islamiste qui demandait la libération d’une Pakistanaise condamnée à mort pour terrorisme a pris en otage des fidèles et un rabbin dans une synagogue Beth Israel du Texas. Le terroriste a été abattu par la police. Pas un mot, pas une image dans un espace audiovisuel français ordinairement prompt à évoquer ce type d’évènement dramatique sur fond de racisme. C’est ainsi, qu’à 10 heures, le dimanche matin lors du bulletin d’information complet et détaillé de la radio publique progressiste et très antiraciste France Inter, de nombreux sujets ont été évoqués : Taubira, Mélenchon , Trump, Djokovic etc… Mais pas celui-là, pourtant peu ordinaire.
Mais c’est que celui-là ne correspondait pas au schéma à l’avance dessiné. C’est que depuis de nombreux mois, Le Monde, Arte et d’autres médias s’appliquent à expliquer qu’aux États-Unis, les seuls antisémites sont les suprémacistes et non les forcément gentils «Black Lives Matter» ou certains musulmans chauffés à blanc par l’extrême gauche démocrate.
Le monde médiatique est une foule déchaînée. Sauf lorsqu’elle est enchaînée. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon. Notons-le : Il vient de publier Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles éditions de Passy).
Personnellement, je constate avec tristesse que la sphère médiatique (ce qui fait beaucoup de monde), mis à part quelques rares et louables exceptions (ce qui fait aussi et heureusement du monde), est plus intéressée désormais à répandre la haine qu’à informer honnêtement. Et les enjeux électoraux des élections présidentielle et législative à venir semblent décupler la force de la haine et de la mauvaise foi. Pour prendre l’exemple récent cité par G.W. Goldnadel sur la façon dont la presse, notamment TF1, dans son 20 heures, a traité le phrase d’Eric Zemmour à propos de la scolarisation des enfants handicapés montre une fois de plus que discuter honnêtement d’un point sujet à approfondissement et débat n’est plus le sujet. La mauvaise foi règne.
merci de ne plus les nommer antifas.
il faut les nommer dorénavant et systématiquement
Neofas