Par François Schwerer.
Sous prétexte de progrès et de modernité, le monde d’aujourd’hui converge vers le « tout numérique » et en fait miroiter l’intérêt aux alouettes que nous sommes. Cela concerne aussi bien la santé et la sécurité que le commerce essentiel et les paiements dans la vie de tous les jours. Est-il permis de douter des bienfaits qui en découlent ? Est-il simplement possible d’y échapper ? Et à quoi pensent ceux qui promeuvent cette évolution ?
« Les pays membres de l’Union sont pour « le filtrage obligatoire des communications privées »
Grâce au développement des télécommunications et aux progrès de la technologie numérique, avec cependant un petit temps de retard sur la Chine, les caméras de surveillance ont envahi les rues, les places et même les autoroutes dans le but avoué de lutter contre la grande – et même la petite – délinquance. La reconnaissance faciale doit rapidement ajouter à l’efficacité de ces dispositifs. Tous ces éléments combinés présentent une aide certaine pour identifier, après-coup, les malfaiteurs… à défaut de favoriser leur appréhension, leur jugement et leur condamnation. Qui, dans la population serait assez fou pour critiquer ces outils au service de la transparence et qui donnent l’apparence d’une meilleure sécurité ? Illusion, en fait que tout cela ! Puisqu’ils n’empêchent pas les mauvais coups d’être commis mais permettent simplement de faciliter la recherche de leurs auteurs, lesquels sont ensuite, au mieux, dotés d’un bracelet électronique qui ne les empêche en rien de récidiver. Les drones, qui sont aussi de purs produits de la technologie numérique, sont venus accroître l’efficacité de cette surveillance permanente qui sert désormais de succédané à la sécurité véritable. Mais ces outils sont aussi et surtout merveilleux pour surprendre les indélicats qui portent atteinte à l’environnement en laissant traîner des papiers gras ou aux automobilistes pressés qui dépassent légèrement les limites de vitesse – en attendant la généralisation du système d’« Adaptation Intelligente de la Vitesse » – tant il est plus facile de percevoir des amendes que d’envoyer quelqu’un méditer en prison.
La pandémie – ou prétendue telle – de Covid-19 a aussi permis de renforcer considérablement le contrôle et le suivi de la santé publique. Le conseiller du président Biden, le Docteur Fauci, annonce déjà qu’il y aura bientôt probablement une nouvelle pandémie dont les Pouvoirs publics auront la responsabilité de protéger les citoyens. Bienheureux sommes-nous d’avoir le QR-Code et le passe sanitaire qui permettent à ceux qui suivent les préconisations gouvernementales – ce ne sont pas des obligations, sinon les représentants des Pouvoirs publics seraient obligés d’en assumer la responsabilité – de jouir d’une « vraie » liberté… surveillée ! Tant pis si l’efficacité l’emporte sur l’humanité. Ce qui importe, c’est que l’on puisse, en cas de besoin, désactiver automatiquement le passe sanitaire des citoyens à risques. Aujourd’hui, une seule infection est traquée mais, demain, les ressources numériques ayant été accrues, il sera possible de détecter tout comportement dangereux ou simplement déviant. Et, pour une plus grande efficacité de tous ces suivis, au bénéfice du peuple, on utilisera un seul et même outil discret, devenu indispensable : le téléphone portable ; ce qui est plus moderne, élégant et efficace qu’un collier et laisse moins de traces sur le « col pelé » du chien de La Fontaine.
Le commerce à distance et la monnaie numérique
Pour faciliter à tous l’accès à tous les produits disponibles en quelque point du monde que ce soit, on a développé le commerce à distance ; on a imaginé et répandu le « click and collect » (clique et rapplique) et cherché à développer la livraison par drones. On a ainsi répondu aux objectifs des commerçants et aux fantaisies des consommateurs, tout en assurant la survie des producteurs. Mais, grâce à cette technologie faisant encore appel au numérique, « on » peut maintenant suivre les habitudes de consommation des clients potentiels, leur faire miroiter l’intérêt des objets connectés et connaître tant leur capacité pécuniaire que leur propension à s’endetter, ce qui facilite grandement le travail des publicitaires et aussi du fisc. Tout le monde y gagne !
Une nouvelle avancée est désormais attendue de la monnaie électronique d’État – ou de l’Union européenne que vante déjà Christine Lagarde –, celle qui demain relèguera le bitcoin au rayon des antiquités. La Chine a prévu de lancer la sienne dès les prochains Jeux olympiques d’hiver. Grâce à cette monnaie numérique les Pouvoirs publics pourront, par exemple, infliger des taux d’intérêt négatifs à l’épargne qui ne serait pas éthique, geler les avoirs du citoyen qui serait tenté de financer les campagnes électorales d’un « complotiste » et calculer sans difficulté « l’empreinte carbone » de chaque consommateur pour lui couper immédiatement le crédit s’il mettait en danger, de façon inconsidérée, le climat de la planète. Ultérieurement, ne doutons pas qu’un consommateur ayant une propension à mettre en danger sa propre santé et les comptes de la Sécurité Sociale par une acquisition trop importante de produits alcoolisés, se verra couper son crédit, tout comme le moteur de sa voiture. Tout mauvais citoyen qui aurait tendance à abuser d’un produit tracé – on ne dit plus surveillé – grâce à son « code barre » pourra donc se voir privé de la possibilité de mobiliser les sommes dont il disposerait pourtant sur son compte. Cela sera d’autant plus facile que la monnaie fiduciaire – celle en qui on est censé avoir confiance, en deux mots, les espèces – aura été avantageusement remplacée par la monnaie numérique, celle que l’on peut véhiculer au moyen de son téléphone portable. C’est plus rapide et tellement plus pratique !
Un seul et même outil
Pour simplifier la vie de tous les citoyens, les gouvernements, dans leur grande sagesse, cherchent à privilégier l’accès à toutes ces avancées sur un seul outil, devenu indispensable aujourd’hui : le téléphone portable. Plus besoin de porte-monnaie ni de carte bancaire, plus besoin non plus de Carte Vitale, tout y sera stocké depuis le ticket de métro ou le billet de cinéma jusqu’à la carte d’identité ou le passeport (les pays africains sont bien plus avancés que nous dans cette concentration numérique). Sans oublier, bien sûr, les applications volontairement téléchargées par leurs utilisateurs pour pouvoir se repérer dans la nature ou trouver l’itinéraire le plus rapide pour arriver à destination. Cela tombe bien, les autorités de surveillance pourront à tout moment « géolocaliser », « en temps réel », chaque abonné à ce service prétendument gratuit. Fin octobre 2021, la Commission européenne a fait un pas de plus en proposant la mise en place d’un projet d’identité numérique commune qui, couplé avec le système de Signature Électronique Qualifiée (SEQ), permettrait de mieux vérifier l’identité de chacun. Et, pour éviter que certains citoyens ne fassent un mauvais usage de leur liberté en répandant des « fake news », les ministres de l’Intérieur des pays membres de l’Union se sont prononcés pour « le filtrage obligatoire des communications privées » sur les réseaux sociaux.
Les grincheux qui, s’ils veulent rester libres, devront accepter de n’avoir plus que « les os et la peau », pourront dire qu’un tel outil constitue un véritable « fil à la patte », qu’il est déjà générateur de près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre – plus que tout le trafic aérien mondial – et qu’il nécessite une débauche d’énergie que ni les éoliennes, ni les champs de panneaux voltaïques, ni même les barrages hydrauliques et autres usines marémotrices, ne sont capables de fournir et que donc il faudra multiplier les centrales à « énergie fossile », nul ne les écoutera. De même que le Mâtin a librement choisi de flatter les puissants pour avoir « franche lippée » et recevoir des caresses, de même l’homme connecté a librement chargé les applications qui dévoilent son intimité en échange de ce qu’il croit être « un bien meilleur destin ». On n’arrête pas le Progrès. Bienvenu dans « la grande maison des solitudes numériques », comme la nomme Philippe de Villiers, cette maison virtuelle commune où l’espace et le temps sont abolis, isolant les individus et tuant les relations. ■
Article précédemment paru dans Politique magazine
Je lis: « La pandémie – ou prétendue telle – de Covid-19 a aussi permis de renforcer considérablement le contrôle et le suivi de la santé publique. »
Comment douter de son existence quand on voit des services municipaux entiers ou des EPAHD en totalité mis au tapis. La pandémie est là et bien là. Comment évoluera-t-elle ? Probablement vers l’extinction comme toutes les précédentes, mais quand ?
Douter de la pandémie c’est comme douter du réchauffement climatique qui est évident dans les Alpes. Le problème est la cause; Est-il le fait de l’homme et de son activité industrielle ou d’une cause cosmique indépendante ?
Quant à la « toxicité du tout numérique » , c’est le probléme de toute « avancée » technique: elle est neutre. C’est l’homme qui en fait le pire ou le meilleur. L’imprimerie, l’électricité, le chemin de fer ont suscité les mêmes craintes . Demain, le vaccin contre le paludisme va sauver 200.000 vies humaines par an dont une masse d’enfants, et il fera exploser la démographie africaine, d’où des famines et des guerres. Le progrés pur n’existe pas, et la notion de progrés permanent est anti chrétienne. a théorisé la grande Simone Weill.
@ Monrose
J’ai bien aimé cet article. Mais je trouve votre propos sage et rationnel. Je ne suis pas « scientiste » mais quand je suis malade, je préfère consulter mon médecin plutôt que mon voisin de pallier.
Tout ces écrans ne seraient-ils pas les équivalent actuels des verroteries qui ont permis, dans le passé, de spolier tant de peuples de leur terres; fascinés qu’ils étaient par ces babioles clinquantes sans valeur ?
L’invasion numérique est aussi phénomène de génération.La jeunesse,toutes classes sociales confondues,vit du matin au soir avec un téléphone portable ! Travail, loisirs,et même la nuit !Plus le temps de lire ,autres que des « tweets »,et de » communiquer « , certes avec des amis,mais aussi avec le monde entier !
Plus de temps ,pour réfléchir,ni pour méditer !On est dans le » divertissement » permanent.Cette génération, éduquée avec ces nouveaux outils numériques ,est celle d’aujourd’hui et de demain!
On est déjà dans un autre monde artificiel, auquel il sera de plus en plus difficile de résister,sauf à se marginaliser.
On est encore loin du tout numérque …Lisez cet article…
Le ministère des Armées va investir 30 millions d’euros pour la maintenance automatisée des parachutes
PAR LAURENT LAGNEAU · 29 JANVIER 2022
Inaugurée en 2004 par le détachement du 3e Régiment du Matériel [RMAT] établi à Montauban, la Cellule de maintenance automatisée des parachutes [CMAP] est chargée de conditionner, réparer et stocker les parachutes utilisés par les troupes aéroportées [TAP] et du commandement des forces spéciales de l’armée de Terre. Ce qui représente un volume de 80’000 parachutes à traiter par an.
Dans le détail, la 14e compagnie de maintenance largage parachutage [CMLP] assure la réparation des parachutes tandis qu’il revient à la 15e CMLP le soin de les plier. Ces deux unités constituent la CEMAP, qui fonctionne avec 350 personnes, dont 2/3 de militaires.
« En plus de réparer l’ensemble des matériels militaires entrant et sortant d’un aéronef [voiles, sac harnais, équipements ʺoxyʺ, d’aérocordage ou de navigation, lots de largage], la 14e CMLP réceptionne aussi le matériel neuf pour le vérifier », précise l’armée de Terre.
Au total, la CMAP a la capacité de stocker jusqu’à 30’000 articles, dont les 600 parachutes qui doivent être immédiatement disponibles en cas de déclenchement de l’alerte Guépard, laquelle suppose une intervention à très court préavis pour la 11e Brigade Parachutiste [BP]. Pour cela, elle dispose d’un magasin de 100 mètres de long, pour 40 mètres de large et 20 métres de hauteur, où trois robots permettent de distribuer les parachutes vers les différents salles de traitement.
En outre, la CMAP possède son propre système d’information, tous les articles en stock étant chacun muni d’une puce de type ERE [étiquette radioélectrique], laquelle contient toutes les données utiles à leur entretien ainsi qu’à leur mise en oeuvre. Ce qui permet d’améliorer la sécurité.
« Si un plieur conditionne un parachute sur lequel il n’est pas formé, la machine le détecte. Il n’est alors pas autorisé à continuer. De même, si le plieur n’a pas conditionné un type de parachute pendant six mois consécutifs, il doit être recyclé », explique l’armée de Terre.
Cependant, le bâtiment de 14000 m2 qui abrite cette CMAP n’est que partiellement automatisé, contrairement à ce qui avait été envisagé avant son inauguration, pour la bonne raison qu’une « machine ne peut interpréter les particularités propres à la vie de chaque parachute, tel que le nombre de sauts réalisés, l’âge de la voile, etc. L’intervention humaine est indispensable ». Pour cela, l’expertise humaine demeure irremplaçable.
Étant donné que les installations de la CMAP ont maintenant plus de quinze ans, il est apparu nécessaire de les rénover. D’où le contrat qu’a notifié la Direction générale de l’armement [DGA] au groupement momentané d’entreprises solidaires composé des sociétés SPIE Industrie et Tertiaire et FIVES Maintenance, le 17 décembre dernier.
Selon le ministère des Armées, qui a fait état de ce marché lors de son dernier point presse hebdomadaire [soit le 27 janvier, ndlr], il s’agira d’assurer le « maintien en condition opérationnelle des installations » pendant dix ans. En outre, le contrat, d’une valeur de 30 millions d’euros, comporte un « volet rénovation », qui permettea de traiter les « obsolescences » et de mettre à jour les « systèmes informatiques et des procédés automatisés ».
« Cette étape de modernisation des équipements permettra de répondre aux objectifs de montée en cadence du nombre de sauts en parachutes souhaités par l’État-major des armées », a souligné le ministère. À condition de trouver les avions nécessaires pour cela…
Selon son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, l’armée de Terre n’a pu faire que 50’000 sauts en 2021 sur les 70’000 nécessaires pour atteindre les « normes planchers ». Et d’assurer, lors d’une audition parlementaire, que son « objectif [était] d’obtenir que l’armée de l’Air [& de l’Espace] assure cette prestation lorsqu’elle aura retrouvé une plus grande disponibilité d’usage de ses avions, notamment grâce à l’arrivée des A400M et la qualification des A400M pour opérer des largages par les deux portes.