(Ceci est une réponse à Antiquus, qui a envoyé le commentaire que nous avons tous pu lire le 15 juillet).
Loi du 6 juillet 1880: article unique: La République adopte la date du 14 juillet comme date de fête nationale annuelle.
L’ambigüité vient de là: Qui célèbre quoi ? On peut penser à une date (14 juillet 89) ou à l’autre (14 juillet 90), ou tenter un improbable mélange des deux, lorsqu’on célébre le 14 juillet. Et c’est là qu’est le problème….
Si l’on célèbre le 14 juillet 1789, il s’agit d’une journée intégralement pourrie, perverse dans son intégralité et de laquelle il n’y a rien à conserver. Sauf une utilité : le fait qu’elle sert, justement, à marquer le début des monstruosités à venir. Tout à fait d’accord, donc, avec Antiquus, là dessus : dès cet épisode du massacre de la Bastille et des têtes promenées au bout des piques, la Terreur est en gestation; Furet l’a très bien dit : « la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l’été 1789 », et la prise de la Bastille inaugure « le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires ».
Par contre, si l’on célèbre le 14 Juillet 1790, c’est-à-dire la Fête de la Fédération, là on célèbre une espérance, vite déçue certes, qui n’a débouché sur rien, et qui fut entâchée de profanation et de sacrilège. Mais qui fut, aussi, enthousiasmante et belle, malgré tout : au moins l’intention, dans l’opinion, était-elle bonne. Rien à voir avec l’ignoble massacre populacier de l’année précédente. Pour Marc Bloch, repris par Max Gallo, tout Français véritable ne peut que vibrer à l’évocation de la Fête de la Fédération, qui n’a son pendant que dans le Sacre de Reims….
Voilà pourquoi nous parlons de bon grain et d’ivraie, et d’ambigüité. Car chacun peut mettre -et met effectivement- ce qu’il veut dans l’actuelle Fête nationale. Et comment savoir si tel célèbre 89 alors que tel autre célèbre 90 ? Et, même si l’on célèbre le 14 juillet 1790, l’épisode n’est pas aussi consternant que celui de l’année précédente, mais il est loin d’être totalement propre.
Il n’est pas inutile, et pas inintéressant, de relire à cette occasion le document ci dessous…..
Lire la suite14 juillet, la Fête nationale ambigüe…
YANN CORFMAT sur Un espoir, le roi
“C’est ce que l’on appelle de nos voeux !”